Chroniques d'un Delfective Fripé
Je venais juste de boucler une dure affaire qui
m'avait trainé au plus profond des bas quartiers de Daifam City...une
sombre histoire de meurtre dans une pâle citadelle... et il m'avait
fallu toute ma sagacité pour résoudre ce tortueux cas. Mais rien
ne me résistait bien longtemps et la piste que j'avais suivie
m'avait directement emmené vers Potho Rhoz, un des hommes de main
du terrible gang des Pancartes qui sévissait dans toute la cité.
Repensant à tout cela, je ne pus m'empêcher d'arborer un large
sourire, alors que mon fidèle Lars Sanseur finissait de tracer
sur le sol le cercle de téléportation qui me permettrait de retrouver
ma si lointaine demeure...
Quelques instants plus tard, enfin assis confortablement
sur mon doux fauteuil en peau de squig et poils de page, je pris
alors un repos bien mérité, sirotant un succulent double Rhum-Coca,
et relisant pour la énième fois mon tome préféré " Ali Bobo et
les 40 Riders ".
Quand je rouvris péniblement les yeux, tenant encore à la main
mon fameux livre, maintenant maculé de multiples taches d'alcool,
je ne me rendis pas compte de suite qu'une présence étrangère
avait fait irruption dans la pièce où je me trouvais. Ce n'est
qu'en levant douloureusement la tête que je la vis.
La splendide créature me faisant face semblait
être apparemment une elfe de haut rang à en juger par la taille
de ses fines oreilles*. Me voyant enfin réveillé, elle s'avança
lentement vers moi d'un pas doux et léger, tandis que discrètement
je tentais de dissimuler les quelques revues de PlayBoomoy qui
traînaient ici et là...
Mon attention fut aussitôt attirée par son vertigineux et aguicheur
décolleté dont j'eus bien du mal à me détacher pour finalement
arriver à plonger mes yeux dans son profond regard couleur émeraude.
J'entamai alors la conversation avec l'aisance toute particulière
qui me caractérisait : "Scrabougna raaaananaaaaaaa bouif bouif
bouif pfouuuuuuulalalalalala."
Bien joué...j'étais maintenant sûr que le contrat allait me passer
sous le nez...dommage, quelques piécettes de plus m'auraient probablement
permis d'acheter le fameux Guèm'Quioub, ce légendaire grimoire
contenant tant d'utiles formules pour un delfective comme moi...
S'asseyant sur mon bureau en acajou d'Uryadhil, la divine apparition
ne parut point se soucier des quelques balbutiements de mes premières
paroles. Croisant les jambes, décroisant les jambes, recroisant
les jambes, re-décroisant les jambes, elle cherchait visiblement
à me faire encore plus perdre mes moyens. Ce qu'elle réussit admirablement
d'ailleurs...
"Cher Lok'Holmz, je n'ai point votre culture de toutes ces langues
anciennes. Restons simples et discutons en quenya, si vous le
voulez bien...
- Langues anciennes ? ...Mmmm ha oui, bien évidemment, ha hem...
défaut professionnel, que voulez-vous. Mais soyez directe, qu'attendez
vous de moi, mademoiselle... ?
- Lyly Lasso'Vage...J'ai une affaire pour vous, Lok'Holmz. Il
faudrait que vous suiviez cet orc que voici . "
Je pris alors le parchemin qu'elle me tendait, et
l'étudia de plus près. Dessus était griffonné le portrait de la
bestiole verte en question, et sur le côté, une inscription mystérieuse
: U...H...M...A...K...mmmMmM, mais que cela voulait t'il bien
dire ?
"Cet orc est mon mari... et je désire juste que
vous le filiez dans tous ses déplacements...j'ai peur qu'il ne
s'en prenne sauvagement à un ami à moi, et j'aimerais vraiment
que vous empêchiez ce terrible affrontement...
- Hum...et pourrais je connaître le nom de cet ami ?
- Tropalineeeeeeeeeteeeeeeeeeeux ! ! Hum excusez moi, je me suis
laissé emportée quelque peu. Son nom est Lepo'het, Tro'Pahl Lepo'het."
Je ne m'étais pas trompé sur cette splendide créature.
Elle devait assurément appartenir au gratin de Daifam City, et
était probablement aussi membre de la Jelfe 7, ce fameux cercle
fermé de riches et influents Princesses et Seigneurs, et dont
justement ce Lepo'het était une des huiles essentielles.
Quelques mots échangés avec Dame Lasso'Vage plus tard, je décidai
de me charger de cette mission qui ne me semblait point si dangereuse
et compliquée que celles dont j'avais l'habitude de m'occuper.
Et pourtant...
Je raccompagnai alors ma cliente à la porte de mon
bureau, et commença ardemment à réfléchir sur cette affaire.
Le doux chant de mon fidèle barde Fin Ra'dyo me
réveilla alors que je m'étais endormi sur l'épaisse couche de
manuscrits que je m'apprêtais à étudier.
Le soleil couchant baignait alors de ses rougeoyants
feux les épais murs de ma demeure**. Une grosse voix familière
me fit sursauter, et dès que mon regard redevint net, j'aperçus
mon cher ami, le Dorcteur Watt-Sonne, me regardant d'un air dépité.
Suite (haut
de la page) >>
|
"Tout ce qu'on peut dire Lock'Holmz, c'est que vous portez vraiment
bien votre nom. Tssssssss..."
Allongeant mon bras engourdi, je me saisis alors d'un de ces Rouleaux
à Tarte Laser que l'on trouvait maintenant un peu partout dans
les Supra-Marché, et me dirigeai à la vitesse d'une tortue neurasténique
vers mon barde qui chantait pour la énième fois le titre phare
d'Opledhil :
" Zak'Zonnnn, ya le pigeon qui grogne... et ya jamais personne...qui
le cogne...lalalalala "... PAFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFF...
Pour le cogner, je l'avais effectivement bien cogné, et l'elfe
Herralgan aurait besoin de tout son talent d'infirmière pour remettre
sur pied cet Assurancetourix sur le retour.
" Voilà, Watt-Sonne, nous pouvons maintenant discuter plus calmement...
Un whisky ?
- Mmmm... Juste un doigt...
- Comme vous voudrez... Alors, cher ami, que me racontez vous
de beau, votre voyage sur Trezadhil s'est-il bien passé ?
- Oui, vraiment c'est une contrée splendide, surtout depuis qu'un
des Maîtres des lieux à décidé d'y planter nombre de merisiers.
Vous devriez y faire un tour, cher Lock, je suis persuadé que
ces terres vous plairont.
- J'y songerai, j'y songerai...
- Hayt boufcricht bolutch fritch crucht..."
Parti dans une longue et sonore mastication du doigt que je venais
de lui servir, je ne compris plus un mot de ce que Watt-Sonne
me racontait. Je me levai alors, tout en faisant semblant de suivre
la discussion postillonante de mon ami grâce à quelques habiles
hochements de tête, et me dirigeai vers un parchemin qui venait
de tomber de l'immense pile de manuscrits qui trônait sur mon
bureau. Le ramassant, mes yeux glissèrent sur les quelques caractères
inscrits dessus, et s'arrêtèrent nets dès qu'ils croisèrent le
nom d'Uhmak.
" C'était donc ça...mMmm ", pensais-je alors. Je continuai ma
lecture et je faillis ne point pouvoir retenir un cri lorsque
je compris que cet orc était du Grand Bazar, et qu'il avait déjà
été condamné pour avoir utilisé ses enfants afin de faire peur
à d'honnêtes Seigneurs, et pour avoir fumé des substances odorantes
sous un tipi.
" Hum... Le Bordel... L'And-er-Grunt de Daifam City. Comment vais-je
pouvoir passer incognito dans ce sombre milieu ? ", pensais-je
encore.
Une idée germa alors dans mon esprit. Prenant mon calepin, je
griffonna quelques mots.
" Une bombe de peinture verte... Un porte-clé de Grullll...un
camoufl'Oreille... Le livre " Comment avoir des muscles ? " par
Chuck Momoris...une pizza 4 fromages sans câpres...voilà, ça devrait
être bon."
J'appelai alors les jumeaux Telh et Fonn et leur transmis la
liste de courses. Aussitôt ils s'empressèrent d'aller faire ces
quelques achats au P'tit K'aansino juste en bas de chez moi, et
revinrent tellement rapidement que je n'avais même pas eu le temps
de reposer mon calepin sur le bureau. Ha ces deux braves petits,
ils me faisaient vraiment aimer Land'Emile, mon vieil ami, qui
me les avait jadis présenté.
J'enfilai alors prestement la panoplie du Bon Bordélique sous
les yeux du cher Watt-Sonne qui était en train de descendre ma
réserve de Doig'Péricube avec sa gloutonnerie légendaire.
J'étais fin prêt. Peut-être que je me jetais inconsciemment dans
la gueule du loup, et que tout ceci n'était qu'un piège habilement
tendu par les forces Maléfiques du Mauvais Mal, les MMM (communément
appelées les mmmmmmmmmm).
Prenant mon Kou'rhage (sorte de chaud manteau en peau de troll)
à deux mains, ces noires et paranoïaques réflexions oubliées,
je poussais alors la porte de mon bureau qui s'ouvrit en un long
grincement rauque et terrifiant.
[A SUIVRE]
* Une grande taille d'oreille est l'apanage des elfes de la noblesse.
A la naissance, l'enfant marqué du bleu sceau se voit entièrement
badigeonné de Nutella, puis attaché par les pieds et pendu ainsi
à une haute branche, tandis que l'on emmène une ribambelle de
grunts affamés au pied de l'arbre. Ces pauvres bêtes étant trop
petites pour pouvoir atteindre la pâte de leurs désirs, sautent
inlassablement jusqu'à ce qu'ils parviennent à s'accrocher aux
oreilles de l'enfant, essayant par tous les moyens de le faire
tomber. Voilà pourquoi les elfes nobles sont familièrement appelés
les BCPG (Bonne Chair Pour Grunt).
** Attention, après avoir étudié de près cet article, notre scientifique
M. Lehp Rouvaithe nous aurait confirmé la présence de messages
subliminaux à travers ces lignes. La rédaction du Pigeon Déchaîné
fera son possible pour vous informer plus en détail des éventuelles
conséquences liées à la lecture de ces mots, dès que nous aurons
de plus amples informations.
**by Finrod**
|